Le petit-dico de l’hygiène et de l’asepsie au cabinet dentaire

Asepsie

L’asepsie a pour fonction de préserver le patient de l’apport de micro-organismes pathogènes (bactéries, virus, champignons) lors de la réalisation de soins médicaux. Cette démarche préventive implique l’utilisation de matériel stérile, de tenue stérile, de gants stériles, de couvre-chef étanche, de masque anti-protection, de micro-filtres à air (filtres à très haute efficacité), de système de renouvellement de l’air et le respect de règles comportementales liées à l’hygiène.

Antisepsie

L’antisepsie neutralise temporairement les micro-organismes pathogènes lorsqu’ils sont déjà présents sur un volume de peau sain ou lésé.

Biofilm

L’Association pour la prévention et l’étude de la contamination (ASPEC) définit le biofilm comme  « un ensemble de micro-organismes et de leurs sécrétions macromoléculaires (…) présents sur la surface d’un matériau ». Ces micro-organismes pathogènes peuvent se développer en seulement 3 heures en adhérant à la surface des dispositifs médicaux en contact avec un milieu contaminé ou à l’intérieur des tubulures des PID. La matrice adhésive et protectrice  appelée biofilm confère aux bactéries adhérentes une capacité de résistance à la désinfection et à la stérilisation  500 à 1000 fois supérieure à celle des bactéries planctoniques.

Classification de Spaulding

Conformément au « Guide de prévention des infections liées aux soins en chirurgie dentaire et en stomatologie » publié par le Ministère de la Santé en juillet 2006, la classification de SPAULDING répertorie les dispositifs médicaux en fonction du risque infectieux lié au site anatomique de l’intervention et propose le mode de traitement le plus approprié. On distingue ainsi 3 catégories de dispositifs médicaux : critiques,semi-critiques et non-critiques.

Dispositif Médical Thermosensible

Les dispositifs médicaux thermosensibles peuvent subir toutes les étapes de pré-désinfection et de désinfection mais sont totalement contre-indiqués pour la stérilisation à la vapeur d’eau (cycle prion). Ce type de matériel peut toujours être utilisé au cabinet dentaire. Néanmoins, il est préférable de remplacer les dispositifs médicaux thermosensibles par des dispositifs thermorésistants.

Dispositif Médical Thermorésistant

La plupart des cabinets dentaires utilisent des dispositifs médicaux thermorésistants car ils résistent à la stérilisation à la vapeur d’eau et notamment au cycle prion (134° pendant 18 minutes avec 2,1 bar de pression). Quand un dispositif médical supporte l’étape de stérilisation, il doit être stérilisé.

Flore résidente

Composée de bactéries localisées à la base des poils et dans les glandes sudoripares, la flore résidente est propre à chaque individu. Ces bactéries saprophytes naturellement présentes dans l’organisme humain ne représentent aucun danger à l’état normal. En revanche, les bactéries de la flore résidente  peuvent être à l’origine d’infections en particulier lors d’une diminution des défenses immunitaire ou au cours d’un acte invasif (extraction dentaire, pose d’implants, soins endo-canalaires  Le lavage simple n’est pas suffisant pour éliminer cette flore résidente.

Flore transitoire

Superficielle mais responsable des transmissions manuportées, la flore transitoire se transmet potentiellement lors des soins ou au contact de patients, d’objets ou surfaces côtoyés dans les gestes quotidiens. Quelques secondes de contact suffisent pour transmettre un micro-organisme d’un objet ou d’une surface à la main de l’assistante ou du dentiste. Le lavage simple permet d’éliminer  90% de la flore transitoire. La désinfection par friction avec un produit hydro-alcoolique  élimine 99,99% de la flore transitoire.

Goutellettes de Flügge

En infectiologie, les microgouttelettes ou gouttelettes de Flügge font référence à la distance qui doit être respectée entre un individu contagieux et donc potentiellement transmetteur de micro-organismes pathogènes  et le personnel médical non pourvu de masque. Cette distance de sécurité  est d’environ 1,5 mètre et doit être observée face à une personne contagieuse par voie respiratoire.

Infections associées aux soins (IAS)

La notion d’infection associée aux soins remplace progressivement  l’expression infection nosocomiale. Très connue du grand public, l’expression infection nosocomiale  fait référence à un lieu : un établissement de santé comme l’hôpital. Les infections nosocomiales peuvent être associées à un soin mais pas nécessairement. C’est pourquoi, les professionnels de santé adoptent de plus en plus souvent l’expression infections associées aux soins. Ces soins peuvent être réalisés en milieu hospitalier ou extra-hospitalier.

Intégrateur physico-chimique de classe 6

Chaque cycle prion (134° pendant 18 minutes avec un autoclave de classe B) doit comporter un intégrateur physico-chimique  positionné seul (sans dispositif médical) dans un sachet de stérilisation au cœur de la charge.

L’intégrateur est composée d’une feuille cartonnée enduite d’une encre réactive qui réagit en fonction des 3 paramètres de la stérilisation : température, qualité de la vapeur saturée et temps.

Le virage colorimétrique s’effectue en fonction de ces 3 paramètres. Le non-respect d’un ou de plusieurs de ces paramètres provoque un virage colorimétrique insuffisant.

Dans le cadre de la traçabilité du processus de stérilisation, l’intégrateur utilisé pour chaque cycle de stérilisation doit être conservé dans un cahier de stérilisation pendant au moins 5 ans.

Légionelle ou Legionella Pneumophila

Responsable de la légionellose, également appelée maladie des légionnaires, la légionelle est une bactérie de type bacille à gram négatif. Comme de nombreuses bactéries à gram négatif, la légionelle résiste mal à la dessication et a besoin d’humidité. Plutôt thermophile, sa croissance est optimale entre 40 et 45° alors qu’elle diminue fortement entre 15 et 20°. En termes de pathogénicité, ce micro-organisme s’avère particulièrement opportuniste. Chez le sujet sain, la légionelle provoque la plupart du temps une forme bénigne de type fièvre de Pontiac avec une guérison spontanée  en 2 à 5 jours. En revanche, le sujet immunodéprimé ou âgé est beaucoup plus exposé à la forme sévère de la légionellose.

Matériovigilance

Conformément au dispositif de sécurité sanitaire français, la matériovigilance impose la surveillance des incidents, des effets indésirables ou des risques d’incidents et d’effets  indésirables liés à l’utilisation de dispositifs médicaux dans les cabinets dentaires.

En pratique, la matériovigilance comporte 4 champs d’action :

-La surveillance

-Le signalement

-Le traitement

-L’investigation des évènements indésirables liés à l’utilisation des dispositifs médicaux

Nuage dentaire

Au cours des soins dentaires, le chirurgien-dentiste et l’assistante dentaire  peuvent être exposés à la production d’aérosols en provenance des turbines, contre-angles et pièces à main.

On appelle nuage dentaire la suspension dans l’air d’un brouillard, potentiellement contaminant, composé d’un aérosol de débris cellulaires, de sang, d’eau, de salive, provoqué par la nébulisation induite par les porte-instruments dynamiques.

Le port d’un masque anti-projection et de lunettes de protection  s’avèrent donc indispensable pour la protection du visage et des muqueuses nasale et buccale.

Pharmacovigilance

La pharmacovigilance repose sur la surveillance des médicaments et la prévention des risques d’effets indésirables potentiels ou avérés liés à leur utilisation.

Produit hydro-alcoolique

L’utilisation d’une solution ou d’un gel hydro-alcoolique au cours de la friction des mains permet d’éliminer plus de 99% de la flore transitoire. Ces solutions hydro-alcooliques apportent de nombreux avantages : la présence d’un antiseptique permet une élimination plus rapide des bactéries, la friction des mains est plus rapide que lors d’un lavage simple et ne nécessite ni rinçage ni séchage, la suppression d’un déplacement jusqu’à un point d’eau, l’adoucissant présent dans ces produits évite l’irritation des mains, et enfin l’efficacité de ces produits dans la prévention des infections associées aux soins a été très largement prouvée.

Le choix d’une solution hydro-alcoolique doit  tenir compte de l’efficacité antimicrobienne, de la tolérance cutanée et de la facilité d’utilisation du produit (pompe doseuse déjà montée).

Prion

Présente chez tous les êtres humains, la protéine prion peut exister sous deux formes. Une forme normale dite protéine cellulaire PrPc et une forme anormale appelée PrPsc ou prion (PRoteinaceous Infectious ONly particle). Le développement de la forme anormale de cette protéine provoque des maladies neurodégénératives très graves, les encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST).

Les mesures de prévention des risques liés aux agents transmissibles non conventionnels (ATNC) ou prions impliquent des protocoles spécifiques : le cycle prion, et, dans les établissements de santé, le Protocole Standard Prion (PSP).

Rétro-contamination

L’arrêt brutal de la turbine dentaire (PID), peut entraîner un phénomène d’aspiration de liquides biologiques potentiellement contaminés par le sang du patient. Les améliorations apportées par les fabricants avec notamment l’installation de clapets anti-retours permettent de réduire la réaspiration sans pouvoir cependant la supprimer totalement. D’où la nécessité d’effectuer une purge des équipements en début de séance et entre chaque patient.

Staphylocoque doré ou staphylococcus aureus

Bactérie à gram positif en forme de coque,  le staphylocoque doré est un agent pathogène très répandu. Environ 20% de la population générale sont porteurs persistants (1 seule souche), 20% ne sont jamais porteurs et 60% hébergent s.aureus de façon intermittente. Le staphylocoque doré synthétise de nombreuses toxines qui participent à sa redoutable pathogénicité. De nombreuses souches de staphylococcus résistent à la méthicilline (une forme de pénicilline). On les appelle SARM.

Les SARM sont souvent résistants à plusieurs familles d’antibiotiques et deviennent ainsi des bactéries multirésistantes aux antibiotiques (BMR).

Test Bowie-Dick

Le test de Bowie -Dick permet de vérifier la bonne pénétration de vapeur dans une charge poreuse, en d’autres termes la performance du stérilisateur à vapeur d’eau. Il doit être utilisé  tous les matins en début de journée positionné seul au centre de la charge avec le cycle Bowie-Dick (134° pendant 3,5 minutes), ce qui interdit la stérilisation de charge lors de sa réalisation.

Test Hélix

Le test Hélix a pour fonction d’évaluer la capacité de pénétration de vapeur dans les charges creuses. Les dispositifs médicaux utilisés en odontologie sont constitués de tubulures et de concavités. Le  test Hélix, doté d’un tube de 2 millimètres  de diamètre intérieur et long de

1,5 m est donc particulièrement bien adapté aux caractéristiques du matériel dentaire. Il doit être utilisé en début de journée seul au centre de la charge avec le cycle Hélix (134° pendant 3,5 minutes) tous les 6 cycles ou 1 fois par semaine. Ce qui interdit la stérilisation de charge lors de sa réalisation. Bon marché et plus adapté au matériel utilisé en odontologie, il est préférable d’utiliser le test Hélix au cabinet dentaire.

Traçabilité en stérilisation

Selon l’article R-4127-204 du Code de la Santé Publique, le chirurgien-dentiste doit maîtriser la chaîne d’asepsie et former son personnel à la gestion des dispositifs médicaux. En matière d’asepsie, le praticien a une obligation de résultats. Les 4 principales étapes de la traçabilité

(localisation, authentification, identification, sécurisation) permettent de prouver le respect des bonnes pratiques en stérilisation.